Qui sommes-nous ?
La Jeunesse au Plein Air du Bas-Rhin (JPA) a été créée en 1982. Des enseignants à la retraite sont venus bénévolement, s’impliquer dans cette association qui défend ce qui leur a semblé essentiel dans leur carrière : la possibilité pour les enfants d’apprendre autrement, de rencontrer les autres d’ailleurs. Certains étaient et sont toujours enseignants spécialisés. Accueillir des enfants en situation de handicap dans les centres de vacances leur a semblé naturel. L’action a démarré en 2003 par le plus facile : l’inclusion d’enfants avec un handicap mental, tout à fait autonomes dans la vie quotidienne.
En 2004, nous avons reçu une longue lettre, complètement désespérée d’une maman seule dont le fils avait 14 ans. Le centre socioculturel de son quartier ne l’acceptait plus : Trop vieux ! « Si vous ne me proposez pas de solution, je perds mon travail, j’ai épuisé tous mes droits à congé, je sombrerai dans la dépression ». T… était mutique et souffrait d’une somme importante d’allergies. Nous étions au pied du mur, confrontés au défi typiquement éducation populaire : répondre à une demande du terrain. Nous aurions pu choisir la solution disponible : inscrire T… dans un séjour adapté, regroupant uniquement des enfants en situation de handicap. Mais nous sommes une association d’éducation populaire. Avec des valeurs, d’égalité et de fraternité et un projet de société : vivre ensemble, tous, riches de nos diversités. Avec une conviction : les comportements requis pour le vivre ensemble ne sont pas innés, ils s’apprennent, se construisent dans l’action quotidienne et plus cet apprentissage est précoce, plus il modifie positivement les personnes. C’est sur ces fondements que l’action « Accueil d’enfants en situation de handicap dans des structures de loisirs ordinaires » a été pensée et réalisée.
Le plus difficile : vaincre les peurs, celles des parents, des directeurs et des équipes. La peur résiste aux incantations, elle recule par un traitement objectif des raisons qui l’engendrent, la plus importante étant la peur de l’inconnu. Il fallait donc se donner les moyens de faire reculer l’inconnu : connaître le plus précisément possible l’enfant à accueillir pour rassurer les équipes d’accueil. Jouer le collectif pour approcher la réalité au plus près : interroger les parents pour connaître l’enfant, interroger les thérapeutes qui le suivent pour apprendre les gestes techniques et les conduites à tenir pour anticiper ou savoir comment se comporter en cas de problème. Il y a eu, bien sûr, une grille d’observation à remplir mais l’essentiel n’est pas là. Il est dans la rencontre physique de tous les acteurs impliqués dans l’action, dans la confiance qui s’établit au fil des échanges. Il est aussi dans ce qui nous est apparu comme essentiel dès le début : le recrutement d’une personne qui fait le lien entre l’équipe qui prépare l’accueil, les parents et les professionnels.
Des accueils ont été organisés. Un savoir-faire s’est construit que nous avons immédiatement décidé de partager avec le plus grand nombre afin de faire reculer les peurs. Des forums ont été organisés, avec, toujours un partage d’expériences. Partage du savoir, formation entre pairs et la peur du handicap recule grâce à ces pratiques.
Le savoir-faire a été reconnu en 2010 par la CAF du Bas-Rhin qui a apporté une aide financière importante permettant de créer un pôle d’appui à l’inclusion, le Centre Ressources Enfance-Jeunesse & Handicap (CREJH) qui a comme mission de faciliter l’accueil des enfants en situation de handicap dans les structures de loisir (Centres aérés, périscolaire, colonie de vacances, etc…) Le volume d’action augmente d’année en année, s’enrichit, se diversifie.
Nos convictions
Un enfant se développe sur 3 temps de vie – famille, école, loisirs – et cela tout au long de sa vie. Cette conviction rend optimiste, permet de résister au découragement et de ne jamais accepter des verdicts tels que « Il a atteint son développement maximum ! ».
C’est vrai pour tout enfant, ça l’est plus encore pour les enfants en situation de handicap. Le législateur en est conscient, le droit aux loisirs est inscrit dans des textes essentiels :
- La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (article 31). Pour tous les jeunes, le temps libre doit être synonyme de ruptures, de découvertes, d’apprentissages et de rencontres.
- La loi de 2005 qui doit garantir aux personnes en situation de handicap l’accès aux offres faites au public.
Ce que nous avons appris
Le loisir est essentiel pour l’enfant en situation de handicap, son quotidien est fatigant, plein de contraintes : soins, thérapies, déplacements, nombre important d’intervenants.
La pratique de loisirs lui redonne confiance en lui, des situations concrètes lui permettent de construire des apprentissages qui prennent sens et qui s’inscriront dans sa mémoire parce que chargés d’émotions. Fabriquer le bouclier du chevalier qui défendra la princesse nécessitera des recherches faites en groupe, dans les livres ou sur internet, développera le langage, obligera à utiliser la règle pour mesurer, pour placer l’écusson et donnera le courage de se fondre dans la troupe qui offrira le spectacle de fin de séjour ou même de lancer la réplique courageuse qui fera fuir l’adversaire. Sur le temps des loisirs on peut prendre le temps, on peut recommencer, il n’y a pas de place pour l’échec. Le réel et l’imaginaire se mêlent pour fabriquer des progrès.
Le loisir est source d’épanouissement personnel mais il est également créateur de liens sociaux, ces liens qui font défaut aux enfants en situation de handicap dont le périmètre de vie est quelquefois restreint (exemple : accueil uniquement en milieu spécialisé sans inclusion en milieu ordinaire). Le loisir peut être collectif comme dans les clubs sportifs, les séjours de vacances, les centres aérés regroupent des enfants, chacun avec sa différence. Vivre et faire ensemble crée des liens. Si l’accueil est bien préparé les enfants en situation de handicap s’y font rapidement une place. Ils peuvent y mobiliser des capacités non valorisées à l’école ou dans la vie quotidienne. Ils peuvent s’y surpasser, entraînes par le désir de faire comme les autres. D’inimaginables progrès sont souvent constatés. Leur volontarisme, leur détermination forcent l’admiration et créent de belles solidarités. L’inclusion d’un enfant en situation de handicap dans le milieu ordinaire est bénéfique pour tous.
Mais l’inclusion réussie ne se décrète pas. Il y a un monde entre un principe affiché dans un texte et sa mise en œuvre sur le terrain. Elle résulte d’un travail méthodique, très rigoureux de préparation de l’enfant et du milieu d’accueil.
Au fil du temps, l’action entreprise révèle sans cesse de nouvelles difficultés à résoudre. La première résulte du surcoût imposé aux familles qui inscrivent leur enfant dans une structure de loisir. Coût double : sont à payer le prix de base du séjour et un surcoût important généré par les compensations humaines ou matérielles à mettre en place. Nous aidons à lever les freins financiers par le biais d’un partenariat JPA/ANCV (colonies de vacances) et une aide à la recherche d’autres financements pour pallier l’inacceptable surcoût facturé aux familles.
Nous partageons le savoir
Nous organisons des réunions où ces problèmes sont débattus: « Comment franchir la barrière du surcoût » ? La CAF et la MDPH (Maison Départementale des Personnes handicapées) invitées ont d’abord hésité : peur d’être accusés de mal faire. Nous avons dû expliquer longuement que le rôle de l’éducation populaire consistait à aider à la compréhension du fonctionnement de notre société, à situer les responsabilités pour trouver les bons leviers de transformation sociale. Aujourd’hui leur inquiétude est levée : nous sommes partenaires dans la recherche de solutions.
Nous accompagnons les évolutions
Des modules de préparation à l’accueil d’enfants en situation de handicap ans le périscolaire et structures de loisirs sont proposés.
À côté de l’épanouissement individuel, l’accueil de loisir remplit une autre fonction essentielle : il permet aux parents de continuer leur activité professionnelle et de bénéficier de temps de répit.
D’autres partenaires proposent des dispositifs complémentaires à l’action de la JPA du Bas Rhin comme l’Association d’Aide et Intervention à Domicile du Bas Rhin (AID 67). Les synergies avec ces structures sont en place.
Une vraie place au répit à été mis en place en 2021 par le CREJH en proposant des actions diverses (intervention à domicile, weekend répit, …)
Le CREJH est de plus en plus sollicité comme expert par des institutions telles que la CEA, l’Eurométropole, …